Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
HistoireGéoCorot

Un blog au service des étudiantes et étudiants de L1 d'Histoire-Géographie

Frédérik Cooper et le "colonialisme de développement"

Frédérick Cooper est un historien américain né en 1947 spécialiste de la colonisation et des décolonisations de l'Afrique : https://fr.wikipedia.org/wiki/Frederick_Cooper

Frédérick Cooper est un historien américain né en 1947 spécialiste de la colonisation et des décolonisations de l'Afrique : https://fr.wikipedia.org/wiki/Frederick_Cooper

« L’État colonial qui échoua dans les années 1950 était le colonialisme dans sa forme la plus outrageusement ambitieuse […] », p. 17.

« La Grande-Bretagne et la France pensèrent retrouver leur autorité grâce à leur nouveau concept, le « développement ». L’impérialisme de l’après-guerre serait l’impérialisme du savoir. En 1945, le Colonial Development and Welfare Act, promulgué par la Grande-Bretagne en 1940, vit son budget augmenté ; en 1946, la France vota son Fonds d’investissement et de développement économique et social (FIDES). Ces deux programmes de développement […] entrainèrent une nouvelle représentation de la société et de la culture africaine, et de fait, du savoir occidental lui-même. Jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, les théories « scientifiques » sur l’inégalité des races, les politiques visant à infléchir la fécondité des personnes dont les gènes étaient jugés inférieurs ou déficients, ou les distinctions culturelles tranchées entre « primitif » et « civilisé » donnaient lieu à des controverses mais restaient dans le domaine de l’acceptable. Avec Hitler, les idéologies et théories racistes devinrent suspectes. Et la proclamation, à grand renfort de publicité, de la Charte de l’Atlantique, accord anglo-américain qui, aux guerres de conquêtes nazies […] opposait l’attachement des Alliés à l’autodétermination, amena les Africains à se demander tout simplement pourquoi cette charte ne s’appliquait pas à eux-mêmes.

Le colonialisme de développement fut en partie une réponse à l’affaiblissement des arguments légitimant l’exercice du pouvoir étatique sur des peuples qui étaient « différents ». Or les idéologies de développement impliquaient que cette différence s’estomperait avec le temps. Quand viendrait le temps de déclarer que les peuples arriérés étaient suffisamment développés pour se gouverner eux-mêmes ? »

Frédérik Cooper, L’Afrique depuis 1940, Paris, Payot, 2012, p 75-76.  

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article